FOCUS forma - Formation de Vente

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Ma réalité cachée

Vous pensez que le métier de FORMATEUR se résume à quelques heures d'animation face à des apprenants ?

Et bien, détrompez-vous ! Ma réalité en tant qu’INDÉPENDANT est bien plus complexe que ça.

Aujourd’hui je vous livre un aperçu de mon quotidien dans une profession épanouissante, exigeante et malheureusement remplie d’à priori. En effet, contrairement à ce que l’on pourrait croire, un formateur indépendant doit consacrer de nombreuses heures à différentes tâches qui, bien qu'invisibles pour le reste du monde, sont chronophages et nécessaires. Mais avant de rentrer dans les coulisses d’un job qui me passionne réellement, j’insiste sur le fait que cet article n’a pour seule vocation que de susciter une prise de conscience collective.

Le Travail dans l'Ombre

La recherche et la veille

Objectif : Rester à jour dans mon domaine d'expertise et proposer des contenus pertinents

  • Lecture quotidienne d’articles, de livres et/ou de publications spécialisées

  • Participation régulière à des webinaires et à des conférences

  • Échange avec d'autres professionnels de la formation pour partager les bonnes pratiques

  • Suivi des évolutions réglementaires et technologiques

  • Analyse des besoins émergents dans le domaine de la formation

La conception pédagogique

Objectif : Elaborer différents supports, des exercices et des méthodes d'apprentissage adaptées

  • Définition des objectifs pédagogiques pour chacun de mes accompagnements

  • Création de séquences de formation attractives, engageantes et variées

  • Élaboration d’exercices de mise en pratique et autres simulations

  • Conception de quizz et de différentes évaluations pour mesurer la progression des participants

  • Recherche des ressources adéquat (vidéos, articles, photos…) pour illustrer mes propos

La personnalisation

Objectif : Adapter mon discours aux besoins de chacun

  • Entretiens préalables avec mes clients pour définir leurs besoins et comprendre leurs attentes

  • Adaptation de mes contenu au secteur d'activité et à la réalité du client

  • Prise en compte des différents niveaux et profils des apprenants au sein d'un même groupe

  • Ajustement des méthodes pédagogiques en fonction des contraintes de temps, de lieu ou de matériel

L’agenda

Objectif : Etre réactif, organisé et disponible

  • Planification des formations en gardant une certaine flexibilité pour les demandes de dernière minute

  • Gestion des déplacements et des temps de trajet entre les différents lieux de formation

  • Anticipation des différentes périodes de l’année pour limiter les creux dans mon activité

L’administratif

Objectif : Offrir plus de l'attitude à mes clients et une qualité contrôlée 

Afin d’apporter un confort à mes clients sur le plan financier, notamment par une prise en charge du montant de la formation par leur OPCO, j’ai fait le choix de passer ma certification QUALIOPI. La rigueur que cette certification impose, représente une charge de travail certes assumée, mais malgré tout considérable et souvent sous-estimée :

  • Élaboration de syllabus détaillés et timés pour chaque formation

  • Mise en place de process qualité stricts

  • Préparation et planification des audits de surveillance (soit 1 audit tous les 18 mois)

  • Rédaction détaillée et mise à jour constante de mes procédures internes

  • Collecte et analyse des feedback de mes interventions pour une amélioration continue


A cet ensemble de tâches propres à la formation, viennent évidemment s’ajouter celles de l’auto-entrepreneuriat, ou l’art de tout faire tout seul 😉

La bataille comptable

  • Déclarations mensuelles de mon chiffre d'affaires

  • Calcul et provisionnement des charges sociales et des impôts à venir

  • Gestion de la trésorerie pour prévoir les délais de paiement souvent imposés par les écoles et autres organismes

  • Établissement des devis et factures conformes aux exigences légales

  • Mise à jour du bilan pédagogique et financier (le fameux BPF) chaque année

  • Relance des clients en cas de retard de paiement

  • Gestion des demandes de modifications sur le pouce

Le développement commercial

  • Création de contenu et mise à jour du site www.focus-forma.fr

  • Prospection continues et réponse aux offres de missions

  • Constitution de mes dossiers de candidature (casier judiciaire, CV à jour, extrait K-bis…)

  • Collecte et valorisation des témoignages et recommandations clients

  • Rédaction régulière de contenu sur les réseaux sociaux

  • Développement d'un programme de fidélisation


Ainsi, derrière cette charge de travail se cache un malaise profond qu’il est, à mon sens, important de dénoncer. Il s’agit de la sous-valorisation du travail des formateurs.trices indépendants.

Nous sommes sous-côtés !

Rémunération VS Expertise

Le travail des indépendants se caractérise par un décalage flagrant entre les tarifs proposés et le niveau d'expertise exigé par certaines structures (Bac +3 et 5 ans d’expérience exigés pour 30€/heure, je l’ai vu). Ainsi, de nombreux formateurs indépendants se retrouvent dans une situation paradoxale où les compétences qu'ils ont patiemment acquises et perfectionnées au fil des ans ne sont pas rémunérées à leur juste valeur. La préparation, la recherche documentaire, l’adaptation du contenu au profit des apprenants sont purement et simplement ignorées. La majorité des OF ne rémunèrent que le "face à face pédagogique", soit les heures passées devant les apprenants, sans tenir compte du travail dans l’ombre effectué par le formateur. Ce phénomène est particulièrement amplifié par une pression constante de certains organismes de formation qui cherchent à maximiser leurs marges au détriment des acteurs sur le terrain.

Délais de paiement

Comme si la sous-valorisation des compétences ne suffisait pas, les formateurs indépendants sont également confrontés aux différentes politiques de paiement de leurs clients (je m’en arrache parfois les cheveux). Il n'est donc pas rare que les délais de paiement dépassent ceux précisés sur les factures émises. Certains OF justifient ces retards par une trop grande complexité administrative qu’ils déplorent parfois. Cette pratique met en exergue l’absence de considération pour la fragilité financière des indépendants, qui se retrouvent souvent à jongler entre leurs charges fixes et un calendrier de paiements totalement erratique. 

Force est de constater que ces conditions de travail peuvent également avoir un impact direct sur la qualité des formations dispensées. En effet, lorsque la rémunération n’est pas à la hauteur du travail à fournir, cela incite inconsciemment, à bâcler sa préparation, compromettant ainsi la qualité de la prestation qui s’en suit. Comprenons que ce manque grossier de reconnaissance contribue à affaiblir l'attractivité du métier, malgré son rôle crucial dans la montée en compétences des individus.


Appel à une prise de conscience

Reconnaître la vraie valeur du travail des formateurs indépendants ne devrait pas être un luxe, mais une nécessité pour garantir la qualité de transmission de nos compétences aux apprenants. Et au-delà des considérations financières, ce n’est d’abord qu’une question de justice professionnelle. Sans ça, le secteur de la formation continuera de perdre des talents et la qualité de l’apprentissage finira par s'en ressentir.

Comme nous l’avons vu, la prestation d’un formateur ne se limite pas à une banale animation en face de participants, voici donc mes 3 préconisations pour un changement de pratiques :

  1. Les rémunérations proposées doivent être ajustées pour refléter l'ensemble du travail fourni ; en prenant compte du temps de préparation, de la personnalisation des contenus, et du suivi post-formation.

  2. Les délais de paiement doivent respecter les clauses affichées sur les factures émises (tant qu’elles respectent une certaine cohérence). Le cas échéant, ils ne doivent pas dépasser 30 jours afin de garantir la stabilité financière des formateurs.

  3. Les relations entre organismes de formation et formateurs indépendants doivent se baser sur des valeurs de respect et d’équité. Il est temps de construire des partenariats solides où chaque acteur sera reconnu et rémunéré selon son apport.

Il appartient à chacun de NOUS, formateurs.trices, écoles ou organismes de formation, mais aussi apprenants, de réclamer des pratiques plus justes et plus respectueuses.